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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 15:45
  De hautes ambitions pour la Culture portées par le Front de Gauche
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
touche-pas-a1«L’homme de culture doit être  un inventeur d’âmes. »  En ampleur et en ambition, mais aussi parce qu’elle nous oblige  à nous hisser plus haut que nous-mêmes, la phrase d’Aimé Césaire porte en elle bien plus qu’une indication. Une exigence. Presque une injonction.  Avec ces mots-étendards contre l’ordre globalitaire,  nous ne sommes pas des chevaliers errants quêtant  la promesse d’un bonheur âprement disputé. Nous ne sommes que de simples républicains pour lesquels la vieille aspiration à la « culture pour tous » reste un horizon à conquérir. L’un des plus beaux. Celui qui donne du corps aux perspectives d’émancipation collective  – et confère de l’esprit à cette part d’humanité puisant sans relâche dans le creuset de nos imaginations. Par là s’invente un nouveau monde, arraché à nos mélancolies. Lundi soir, dans une salle du Bataclan trop petite pour accueillir la foule, le monde de la culture a relevé le poing comme on relève le gant. « Il faut être éduqué culturellement pour pouvoir apprécier le monde dans lequel nous vivons », a lancé le candidat Jean-Luc Mélenchon. L’heure est grave. Car le règne de Nicolas Sarkozy aura été aussi mortifère en ce domaine que pour le reste. Dépourvu de toute culture de la culture,  il ne pouvait que la penser à la hauteur de sa médiocrité… Ainsi, l’affaissement programmé de la culture signe comme l’achèvement du processus sarkozyste : transformer les citoyens  en consommateurs,  les contraindre à la sortie de l’histoire et des moyens d’agir pour la transformer. Avec lui, le concept  de « culture pour tous » a été piétiné au profit (c’est  le cas de le dire) de « la culture pour chacun », principe inégalitaire qui vise à opposer la prétendue culture d’une « élite » à celle du « peuple ». Le mal est considérable. La captation massive du temps de cerveau disponible a accéléré la disparition des humanités, des classiques, brimant jusqu’aux aventuriers de ces vastes continents que sont les créations en tous genres. Jamais dans notre histoire contemporaine n’a autant progressé le formatage de la norme marchande à toutes les activités humaines,  y compris gratuites. L’Homo œconomicus a été sacré dans les nouveaux temples du consumérisme, de la grossièreté sponsorisée et de la déculturation à tous les étages… Et pourtant. L’homme descend du songe. Rappelons-nous-le, lorsque nous doutons des autres  et de nous-mêmes, soumis que nous sommes à la dictature  du consommer-jetable qui s’emploie à favoriser l’uniformisation et la banalité au détriment de l’excellence  singulière. Et affirmons-le : ce qu’une culture tient pour sacré peut se définir comme « ce qui n’est pas à vendre ». Voilà pourquoi le Front de gauche ne lâche pas son fil d’Ariane. Ses réponses à la crise de civilisation  sont culturelles, parce qu’elles placent Philosophie  et Raison au centre de tous ses objectifs universels. Pour avoir une vision du monde et anéantir la marchandisation avilissante, il faut une vision culturelle ! La création, l’amour, la fraternité ou le don de soi n’ont rien à voir avec la loi du chiffre, qui défait le lien, disloque, isole.  La culture est tout le contraire, symbole de partage. « La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert », disait Malraux. En ces temps de régressions  où les conditions de transmission des connaissances  ne sont plus réunies, répétons inlassablement que  le combat pour la culture n’est pas un supplément d’âme. Il mérite donc tous les moyens, toutes nos attentions. Dès lors, telle une nécessité vitale, l’insurrection civique que nous appelons de nos vœux sera aussi culturelle. Comment pourrait-il en être autrement ? Affirmons-le : ce qu’une culture tient pour sacré peut se définir comme « ce qui n’est pas à vendre ». Jean-Emmanuel Ducoin
http://www.humanite.fr/politique/insurrection-culturelle-493827
 
Rappel des faits Parce qu’une politique de gauche, émancipatrice et transformatrice, passe par la197079 118914474852706 100002024628044 134698 5158485 n refondation  d’une politique publique de l’art et de la culture, l’Humanité interpelle les responsables de trois partis sur leur programme. Marchandisée, standardisée, instrumentalisée, censurée ou encore nivelée par le bas, la culture peine à s’exprimer depuis des années. Alors qu’il ne saurait y avoir de liberté et d’épanouissement sans émancipation culturelle, il est urgent de redonner un nouveau souffle à la création artistique, à l’action culturelle, à l’éducation populaire, mais aussi à la libre circulation des informations, à la production et la diffusion des savoirs et leur appropriation par le plus grand nombre... Comme disait le fondateur du Théâtre National Populaire Jean Vilar : « L’élitisme oui, mais l’élitisme pour tous ! » Quelle place la culture aura-t-elle en France ? L’Humanité interpelle le Front de gauche, le Parti socialiste et Europe Écologie-les Verts. Avec: Aurélie Filippetti, députée PS, responsable du pôle Culture-médias de François Hollande. Alain Hayot, délégué national à la culture du Parti communiste,  co-animateur du Front de gauche de la culture. Corinne Rufet, déléguée nationale EELV aux politiques culturelles et à l’éducation populaire.
--- Pourquoi pensez-vous  que la culture doit avoir  une place centrale dans  un projet de gauche ?
- Alain Hayot. C’est précisément parce que le Front de gauche rencontre aujourd’hui des aspirations communes de celles et ceux qui rêvent d’un monde nouveau, un monde qui ferait reculer en même temps les régressions sociales et les obscurantismes, que nous voulons faire de la culture un moteur de la transformation sociale. La culture a une place centrale dans notre démarche parce que nous pensons que les forces du travail, conjointement à celles de la création et de l’intelligence, doivent reprendre le pouvoir sur les mots et les symboles. Le capitalisme financier et productiviste impose ses seuls critères quantitatifs et concurrentiels à toutes les activités sociales, il tente de fabriquer des humains normés, conformistes et dociles. À l’inverse, notre projet vise l’émancipation de tous et l’épanouissement de chacun. C’est pourquoi une politique culturelle de gauche n’est pas l’affaire seulement des artistes et des  acteurs culturels, elle est l’affaire de tous, elle permet à chacune et chacun d’être l’acteur de son propre destin comme du destin collectif. C’est ce que nous appelons la révolution citoyenne.
- Corinne Rufet. La culture est consubstantielle au projet écologiste, en ce qu’elle interroge la place de l’homme sur la planète, qu’elle questionne les relations des hommes entre eux, et choisit de répondre à notre angoisse existentielle par la richesse de la diversité et l’absence de hiérarchie entre les peuples. Notre projet pour l’art et la culture s’appuie par conséquent sur les notions fondamentales de démocratie et de défense des droits culturels. À cela s’ajoute notre combat pour la liberté d’expression et de création, contre la censure et le fait du prince. Les politiques culturelles ne peuvent en effet plus être soumises à l’obsession de l’excellence et du rayonnement de quelques artistes ou intellectuels, éclairant et guidant le peuple dans l’obscurité ! Il faut remettre de la démocratie et de la transparence dans la gouvernance culturelle, du ministère aux établissements culturels, et refonder une compétence générale pour la culture partagée entre les collectivités locales et l’État. La culture ne peut plus être aliénée aux lois du marché ou instrumentalisée au service du développement économique des territoires, au risque de sombrer dans des perspectives stériles et mortifères. Il faut revenir aux objectifs ambitieux d’une politique visant le mieux-être de l’ensemble de la société, les repenser en regardant les mutations technologiques comme un outil de plus pour réussir une société plus partageuse et plus solidaire. Nous revendiquons par ailleurs un soutien à la création qui impose tout autant la défense d’esthétiques et de cultures savantes, le soutien à la recherche, à l’expérimentation artistique, que l’intégration des cultures dites populaires dans les politiques publiques, et particulièrement de l’État.
- Aurélie Filippetti. La gauche a toujours su tisser un lien intime et profond avec le monde de la création. Les grandes alternances, 1936, 1981, ont toutes été placées sous le signe d’une offensive culturelle dont on se souvient encore aujourd’hui. C’est Jean Zay, avec Léon Blum, qui avait le premier proposé la création d’un ministère de la vie culturelle, et lancé le premier plan de démocratisation culturelle. C’est bien sûr Jack Lang en 1981, avec Mitterrand, qui inventera cette exception culturelle aujourd’hui revendiquée par la droite comme la gauche. Mais c’est aussi Catherine Tasca, avec Lang à nouveau, qui lance un grand plan d’éducation artistique en 2000 que la droite va immédiatement détruire à son arrivée au pouvoir. Bref, la gauche a un lien organique avec le monde de la création, et nous ne comptons pas le renier ! Nous avons une responsabilité particulière, celle de porter un regard toujours renouvelé sur les formes artistiques et culturelles, en refusant l’approche purement consumériste et industrielle que porte la droite. La culture, c’est avant tout une question de partage du sensible et d’émancipation, qui peut permettre de se libérer des déterminismes sociaux et d’avoir toujours un espoir auquel se raccrocher, même dans les moments les plus douloureux. Elle n’est pas réductible à des chiffres et des bénéfices !
--- Si la création est mise à mal  en France, n’est-ce qu’une question de moyens ?
- Aurélie Filippetti. La France dispose de l’un des tissus créatifs les plus riches au monde. Son maillage du territoire, mis a mal, reste exceptionnel, tout comme sa production culturelle au sens large. Mais ces dernières années ont porté des coups importants à cette construction, et on sent aujourd’hui un véritable malaise poindre. L’absence de poids de la Rue de Valois au cours du dernier quinquennat a fait beaucoup de mal, tout comme l’absence totale des formes créatives non industrielles... La création, je revendique cette vision, ce n’est pas une question industrielle : c’est avant tout l’apanage des créateurs qui, du spectacle vivant au cinéma en passant par la musique et les arts plastiques, ont décidé d’en faire le cadre structurant de leur vie, et qui souffrent aujourd’hui d’un soutien affaibli. C’est aussi, on l’oublie trop souvent, les millions de Français qui exercent au quotidien des pratiques amateurs. Le dernier gouvernement n’a su répondre ni aux aspirations des premiers ni des seconds.  D’où notre volonté de lancer un acte II de l’exception culturelle, un plan d’éducation artistique au budget propre,  une loi d’orientation pour le spectacle vivant... afin de redonner une véritable impulsion politique à un milieu  qui attend des gages de confiance.  Les moyens seront évidemment importants, mais aussi le rôle structurant de l’État, qui aujourd’hui délaisse ces  sujets malgré les effets d’annonce à répétition dont Hadopi n’est que le plus flagrant exemple.
- Corinne Rufet. La création contemporaine traverse une crise grave, due autant à des facteurs concrets (baisse de moyens sans précédents, ministère et Dracs violentés par des méthodes de management iniques, remise en cause de l’intermittence…) qu’à une évolution plus insidieuse et idéologique dans les objectifs de ceux qui financent cette création. On nie le temps long de la création et il devient presque impossible pour les artistes d’échapper aux diktats de l’événementiel, de la communication amnésique, de l’attractivité culturelle comme fin en soi. Il faut donc repenser radicalement notre rapport à la création, pour changer de braquet, en commençant par une refonte des objectifs et des moyens du ministère de la Culture. Il faut engager une révolution fiscale pour l’art et la culture, qui doit soutenir la création artistique, encourager la diffusion de l’art, et taxer ceux qui spéculent sur l’art comme sur une action en Bourse.
- Alain Hayot. La question des moyens est importante, et contrairement à François Hollande, Jean-Luc Mélenchon ne propose pas de « sanctuariser le budget de la culture », ce qui reviendrait à entériner la formidable régression que lui a imposée Sarkozy. Le Front de gauche propose de doubler la dépense publique (État et collectivités territoriales) en faveur de l’art de la culture durant le quinquennat. Mais la question du sens nous paraît prioritaire : quels moyens pour quelles ambitions ? Nous voulons révolutionner le rapport de l’art et de la culture à la société autour de trois grandes idées. La première, il nous faut retrouver du sens à l’exercice de la liberté de création, au travail des artistes et des acteurs culturels. Contre l’asservissement à une économie de la culture marchandisée, standardisée, uniformisée et nivelée par le bas, mais aussi contre toute tentative d’instrumentalisation politique ou idéologique (je pense à l’identité nationale et à la Maison de l’histoire de France) ou encore contre toutes les censures. Deuxièmement, nous voulons redonner un nouveau souffle à l’imaginaire en portant l’ambition d’un « partage du sensible » reprenant le chemin de la démocratisation pour aller vers une véritable démocratie culturelle qui favorise des liens étroits entre création et éducation populaire et qui permette à chacune et chacun de s’approprier les ressources artistiques et culturelles. Enfin, nous pensons que le vivre ensemble dans notre société marquée aujourd’hui par la diversité culturelle suppose la reconnaissance de l’autre, de son histoire, de sa culture et de sa langue. Nous voulons fonder une civilisation humaine aux antipodes des hiérarchies établies par des Sarkozy, Guéant et Le Pen, afin de permettre à chacune et chacun, non seulement, d’entrer dans l’histoire, mais de la faire.
--- Justement, doit-on intégrer  de façon plus importante l’art  dans l’enseignement scolaire  puis en dehors de l’école, dans  les entreprises, par exemple ?
- Alain Hayot. C’est précisément ce que nous voulons lorsque nous parlons de révolutionner les rapports entre l’art et la société. Dans l’ouvrage que nous avons publié (voir encadré) nous faisons des propositions afin de refonder le service public de la culture. Cela passe par de nouvelles ambitions citoyennes pour nos établissements culturels, une remise à plat de l’ensemble des dispositifs d’éducation artistique à l’école, de la maternelle à l’université, une volonté nouvelle de renouer un lien étroit dans les entreprises entre le travail, l’art et la culture, lien que nous définissons comme un droit au même titre que la formation parce qu’il contribue à l’expression de la dignité humaine et à l’exercice de la citoyenneté. La même démarche doit s’appliquer à l’urbanité et à chaque territoire, en refusant cette dichotomie imbécile entre culture de l’élite et celle du peuple. Celui-ci n’est pas dénué de culture, il est privé de parole et nous voulons la lui rendre dans un souci de fabriquer du commun car la culture est un bien commun et nécessite un véritable service public.
- Aurélie Filippetti. Le plan national à l’éducation artistique annoncé par François Hollande vise à redonner toute sa place à la création dans l’enseignement scolaire. Il permettra d’établir de véritables passerelles entre les créateurs et les instances éducatives, dans le même temps qu’une véritable éducation du regard sera prise en charge dès le plus jeune âge. Notre ambition est d’établir des cursus cohérents qui, de la maternelle à l’université, permettent aux nouvelles générations de développer une sensibilité propre, en collaboration avec des institutions extérieures. Ce plan qui sera, si les Français nous en donnent mandat, élaboré avec le ministère de l’Éducation, mettra fin aux invocations creuses de la dernière décennie et aura une vocation sociale importante : il n’y a pire discrimination que celle qui frappe l’accès à la culture sous toutes ses formes et fait de la création un couperet sélectif plutôt qu’une ouverture.
- Corinne Rufet. L’éducation artistique, mais également l’apprentissage de l’histoire de l’art, doit être intégrée à l’ensemble des programmes scolaires, ce dès le plus jeune âge, et prioritairement dans les quartiers populaires, les outre-mers ou les zones rurales désertées. L’enseignement artistique doit être envisagé dans le socle d’apprentissage fondamental, tout au long du parcours scolaire, au sein des cursus d’enseignement professionnel, dans l’enseignement secondaire et dans la formation professionnelle. Et les établissements scolaires doivent pouvoir accueillir des artistes en résidence longue, parce que vivre aux côtés d’un processus de création, c’est le début de l’appropriation. Enfin, Il est indispensable de soutenir l’éducation artistique et les pratiques amateurs en dehors des parcours scolaires et tout au long de la vie. Il faut recoudre le lien entre la création contemporaine et le grand public, et pour cela, il faut aller chercher ce public non acquis là ou il est, et lui proposer d’explorer de nouveaux territoires de l’art, pour imaginer sa place, où il ne serait plus simplement spectateur et consommateur de bien culturel, mais bien acteur, participant à cette construction collective de sens et de citoyenneté.
http://www.humanite.fr/culture/quelle-place-la-gauche-donnera-t-elle-la-culture-494042
 
Parce que la culture est au cœur de son projet politique, le Front de gauche (FG) publie un livre  consacré à son projet pour l’art,  la culture et l’information. Loin de se cantonner à une simple révision des moyens affectés à la création et à l’action culturelle, le FG y détaille sa politique culturelle pour tous, artistes et citoyens.
« Quelle humanité voulons-nous être ? Un projet pour l’art, la culture  et l’information », du Front de gauche. Éditions Bruno Leprince, 108 pages, 3 euros.
 
beware artistsLa célèbre salle de concerts parisienne accueillait, lundi soir, la présentation publique du projet du Front de gauche concernant l’art, la culture et l’information, en présence de nombreux artistes et acteurs culturels et de Jean-Luc Mélenchon.  Pas la faute à Voltaire si, lundi soir, le boulevard parisien qui porte son nom risquait la sortie de ruisseau. La salle du Bataclan se comblait jusqu’au balcon tandis que, dehors, une queue de comète tournait depuis la rue Crussol. Pour ceux qui ne connaissent pas le coin, disons que cela fait un bout. Arrivée l’un des premiers, l’ancien ministre et grand homme de culture Jack Ralite, très applaudi quand sa présence fut signalée, « se réjouissait de ce monde fou ». Fou de la bonne raison du Front de gauche, qui place la culture au centre de sa visée transformatrice et invente les mots pour le dire. Edgar Garcia, présentateur de la manifestation, l’annonçait : « Le Front de gauche fait son Bataclan. Cet élan qui a pris racine, qui a jailli à la Bastille, va faire déborder la Garonne, emporter la plage du Prado. » Artistes, militants de la culture, amis et voisins se pressent et se compressent du bar à la scène. Le psychanalyste Gérard Miller, le musicien Yvan le Bolloch’, le comédien Denis Lavant, tendent des oreilles citoyennes. « Nous sommes tous des êtres de culture, jusque dans nos amours », rappellera là Jean-Luc Mélenchon, soulignant qu’aux défis des crises financières et climatiques, aux menaces de formatage de l’humain qu’opère « un ordre globalitaire », la réponse est « nécessairement culturelle ».
--- Un projet pour l’art
« Qu’est-ce que l’humanité ? » demande le candidat du Front de gauche à la présidentielle. Quelle humanité voulons-nous être ? interroge le titre de l’ouvrage collectif élaboré d’ateliers en forums et qui énonce les grands traits du « Projet pour l’art, la culture et l’information ». Avant cela, Ridan aura chanté deux chansons, dédiant Ah, les salauds ! à la « numéro 4 » des postulants à l’Élysée, dont le nom ne sera pas prononcé. Ridan préfère que la lumière descende sur la salle. Sous un halo, l’auteure de polars Sophie Loubière lit l’appel de cent de ses confrères. L’éditrice Marion Mazauric se félicite de vivre « un moment exceptionnel, tel que l’on n’en avait pas vécu depuis trente ans ». Elle devait insister sur la dérégulation des métiers de la culture, assurant que le sien consistait « à partager les savoirs et à les faire consommer intelligemment ». En bonne intelligence Claire Pessin-Garric, Alain Hayot, Claude Michel et Paul Chevillard (1) avaient tour à tour retracé les grands axes du projet culturel du Front de gauche. Les forces du travail et de la création sont invitées à « reprendre le pouvoir sur les symboles, les mots, les imaginaires ». « Il faut refuser toute dichotomie entre culture des élites et culture du peuple. Le peuple, s’indigne Alain Hayot, n’est pas privé de culture, il est privé de paroles. » La création retrouvait son primat, Jean-Luc Mélenchon précisant plus tard que, sur ce principe, « la question n’est pas de savoir si nous sommes tous égaux, mais si nous pouvons tous en profiter ».
--- Service public de la culture
Refonder un service public de l’audiovisuel pour garantir le pluralisme des idées, un service public de la culture, construire une Europe de la culture en rompant avec les règles de la concurrence et en préservant l’exception culturelle, considérer l’éducation populaire comme une véritable démarche politique, placer l’économie au service de la culture, socialiser, mutualiser, retrouver ensemble les chemins de l’émancipation humaine… L’accordéon de l’ami Marc Perrone qui, avec Patrice Caratini et D’ de Kabal, clôturait la soirée, n’en finissait pas de déployer son souffle.
(1) Claire Pessin-Garric est animatrice du Front de gauche de la culture. Alain Hayot est le délégué général à la culture du PCF. Claude Michel, comédien et syndicaliste, est membre de la Gauche unitaire. Paul Chevillard participe à la commission culturelle du Parti de gauche.
Dominique Widemann
http://www.humanite.fr/politique/la-belle-humanite-du-bataclan-493850?x
 
Comme cette campagne électorale serait terne sans le formidable dynamisme du Front de gauche,  le talent de Jean-Luc Mélenchon  et ses propositions pour changer de politique. Nos concitoyens se trouveraient enserrés  dans un étouffant étau. D’un côté, M. Sarkozy jouant  sur les peurs et les divisions pour tenter de se sauver,  et le système avec lui. De l’autre, des orientations perçues comme ne répondant pas aux attentes. Bref, on pourrait certes avoir une alternance, mais sans perspective  de vivre mieux. Sans espérances. Or, l’espoir est en train de renaître. Grâce au Front de gauche, des millions de nos concitoyens, dont beaucoup étaient tentés par l’abstention, relèvent la tête. C’est cela qui a fait pousser des cris d’orfraie à Mme Parisot, hier. C’est bon signe !
Ces évolutions viennent de loin. Des processus révolutionnaires en Amérique latine aux mouvements arabes, du succès du livre de Stéphane Hessel, qui lui-même naît de la profondeur des rejets  du système tels qu’ils  se sont manifestés dans  le mouvement social  de l’automne 1995, jusqu’au « non » majoritaire au référendum de 2005 et à la puissante contestation de la contre-réforme des retraites pour rassurer les marchés financiers. Voilà maintenant qu’existe la volonté  de subvertir l’élection présidentielle elle-même, puisque, selon une enquête publiée en fin de semaine dernière, la moitié de nos concitoyens refuse le seul choix entre N. Sarkozy et F. Hollande. C’est une contestation forte du bipartisme. Le rejet du sarkozysme est largement majoritaire. Et c’est heureux ! Mais l’antisarkozysme d’alternance ne suffit pas.
Fort de ses expériences, notre peuple est  en demande d’une gauche de changement durable, une gauche de courage pour affronter les puissances financières. On tente de l’en empêcher de différentes manières. Ainsi, voici que les bons apôtres en comptes d’apothicaires électoraux et les VRP de la politicaillerie lancent un nouveau leurre. La progression de Jean-Luc Mélenchon risquerait de faire chuter François Hollande, caquettent-ils en chœur ! Quelle absurdité ! Dans le sondage où le candidat du Front de gauche est placé à 15 %, François Hollande est en tête. Il n’y a aucune enquête qui ait dit une seule fois qu’il y avait un risque pour lui au second tour. D’ailleurs, en 1981, François Mitterrand était derrière Valéry Giscard d’Estaing  au premier tour et cela ne l’a pas empêché d’être élu, fort de l’apport des 15,35 % des électeurs de Georges Marchais.
C’est la campagne du Front de gauche qui renforce la gauche tout entière. C’est Jean-Luc Mélenchon qui a fait baisser des yeux Mme Le Pen, avant de la faire descendre dans les intentions de vote.  Ceux qui exhortent le candidat socialiste à ne pas gauchir ses propositions pour ne pas effrayer les électeurs de  M. Bayrou oublient une vérité incontournable, énoncée par François Hollande lui-même : la majorité de ces électeurs est à droite. C’est donc à gauche, pour la justice, la liberté, la fraternité, qu’il faut mobiliser dans les usines et les quartiers populaires. Non seulement de nouvelles progressions de Jean-Luc Mélenchon ne sont pas un risque pour la gauche, mais c’est une chance inouïe que  la victoire soit assurée. C’est la garantie d’avoir  une gauche répondant aux aspirations populaires.
La progression de Jean-Luc Mélenchon, une chance inouïe pour la victoire de toute la gauche.
Patrick Le Hyaric
http://www.humanite.fr/social-eco/la-chance-de-la-gauche-493676?x
 
Bernard Lavilliers souhaite que les questions de la culture soient également abordées dans la campagne. Il explique pourquoi il votera pour le candidat du Front de gauche.
--- Que pensez-vous du climat général de la campagne  de l’élection présidentielle?
- Bernard Lavilliers. C’est assez ennuyeux et si on regarde les programmes à la loupe, il n’y a rien de très révolutionnaire ! En tout cas, par rapport à la crise, je ne vois pas de plan précis. Heureusement qu’il y a Jean-Luc Mélenchon qui rallie une certaine idée de la gauche. Le seul qui fasse un peu d’effet, c’est lui. Je ne m’étais pas trompé !
--- Vous avez fait connaître  votre intention de voter pour  Jean-Luc Mélenchon dès l’été dernier. Qu’est-ce qui vous séduit dans sa campagne?
- Bernard Lavilliers. C’est un bon orateur et les thèmes qu’il aborde avaient été, hélas, abandonnés par les pragmatiques depuis fort longtemps. On entend une certaine noblesse dans le discours, il lit des poèmes de Victor Hugo et cite d’autres poètes. Et ça fait du bien. Si les gens viennent en aussi grand nombre, c’est parce que cela leur rappelle des paroles, des périodes où de grands orateurs s’inspiraient des artistes. Lui, il s’en inspire largement. Il a une culture, il connaît bien l’histoire. Il y a un besoin d’enthousiasme. Je pense qu’une partie des gens qui ne votent plus vont voter justement pour ces raisons-là.
--- La dynamique des sondages  lui est favorable. Est-ce que  cela vous étonne?
- Bernard Lavilliers. Cela ne m’étonne pas vraiment. Même si le vote ouvrier, selon les sondages, n’est pas encore significatif pour Mélenchon. Mais les gens sont vraiment raides et, malheureusement, dans ces cas-là, ils ont plutôt tendance à devenir nationalistes. Il ne faut pas se laisser rouler dans la farine et, par désarroi ou déception ou ras-le-bol, aller aux extrêmes, à droite. À mon avis, par rapport aux socialistes, ce qu’il tient comme discours et l’enthousiasme qu’il y a, cela me semble possible de reconquérir l’électorat ouvrier. Je ne suis pas certain que ceux qui vont aux meetings de Mélenchon le vivent comme ça. Mais disons que s’il peut faire voter, en tout cas au premier tour, des gens qui n’ont jamais voté, ça devient intéressant. Cela fait bouger et peut-être que la conscience politique peut s’ouvrir. Tous ceux qui râlaient dans leur coin, là, ils ont quand même trouvé une grille de lecture.
"Je voudrais dire qu'il ne faut pas confondre le commerce et la culture"
--- Quels sont les thèmes de campagne que vous aimeriez voir défendus  par les candidats?
- Bernard Lavilliers. L’emploi en premier (1). Cela concerne tout le monde, pas seulement les ouvriers, les employés mais aussi les cadres qui savent qu’ils peuvent se faire jeter d’un jour à l’autre. Dans les discours des uns et des autres, on ne parle pas de la culture. Je voudrais dire qu’il ne faut pas confondre le commerce et la culture. S’il faut faire du formaté et du vendable, cela empêchera toute création. Moi, je ne mélange pas ce qui est passable à la radio et une belle chanson. Si j’ai connu Brecht, c’est parce que Jean Dasté, Jean Vilar et Roger Planchon ont été les premiers à décentraliser la culture, ils jouaient des pièces de théâtre dans les usines, n’hésitaient pas à monter et montrer du Goldoni ou du Molière. Aujourd’hui, quand on parle culture, on entend commerce. Je ne suis pas franchement favorable à l’aide systématique, mais un artiste, il faut quand même lui donner les moyens de créer et de vivre. Quand André Malraux a fait ses maisons de la culture, il a beaucoup aidé. Un bon président doit avoir un bon ministre de la Culture, qui s’intéresse à toutes les formes artistiques, à la musique classique, contemporaine, à la chanson, au rock, au rap, à la danse. Ce sont des domaines qu’il faut suivre. Aujourd’hui, ils coupent dans les budgets de l’État et dans ceux des collectivités territoriales. Moi, j’attends d’un ministre de la Culture qu’il s’intéresse au mouvement, à ce qui compte, qu’il se déplace. Si Mélenchon est président de la République, j’espère qu’il nommera un ministre de la Culture efficace et pas une espèce de potiche. Quand on pense qu’aucun gouvernement n’est arrivé à donner 1 % à la culture nationale…
(1) Après le Bataclan, Bernard Lavilliers donnera un concert de soutien (gratuit),  aux ouvriers sidérurgistes d’ArcelorMittal,  dont la marche arrivera  au pied de la tour Eiffel le 6 avril.
http://www.humanite.fr/politique/%C2%AB%C2%A0que-melenchon-cite-des-vers-de-victor-hugo-ca-fait-du-bien%C2%A0%C2%BB-493645
 
C'est dans un Bataclan bondé que le candidat du Front de gauche a développé lundi soir, à Paris, le programme du Front de gauche pour la culture. Loin de prendre les problèmes par le petit bout de la lorgnette, ce programme baptisé "Quelle humanité voulons-nous être?" veut extirper la culture du tout commerce pour le replacer au coeur de la cité. Contre le "formatage marchand de tout ce qui constitue l'humain", contre "les créateurs que nous sommes qui tous ont été changés en consommateurs", le porteur du programme partagé affirme: "Il faut être éduqué culturellement pour pouvoir apprécier le monde dans lequel nous vivons." D'où un total bouleversement des logiques prônés par le Front de gauche.  La réponse à la crise économique, sociale et écologique que nous traversons est "nécessairement culturelle. Elle passe à travers l'amour, la fraternité, la création, c'est à dire tout ce qui se donne gratuitement."
--- Formatage de l'homme
S'insurgeant contre "le formatage de l'homme, qui va de la brevetabilité du vivant à la musique que l'on fredonne. Tout a été marchandisé", Jean-Luc Mélenchon en appelle à un retournement total des valeurs: "Ce n'est pas la marchandise qui va aller à la rencontre de l'homme, c'est l'homme qui va aller à la rencontre de la marchandise".
Pour illustrer son propos, il a longuement dressé un état des lieux du paysage audiovisuel français. "Nous n'avons pas besoin de six journaux (télévisés) qui disent six fois la même chose", s'enflamme t-il.  "J'ai grande confiance dans les Indignés du PAF. Il faut subvertir de l'intérieur les médias. Nous avons besoin de regards croisés..."
--- Abattre Hadopi
Prenant aussi exemple sur la situation des intermittents du spectacle, "cahier de brouillon de toutes les méthodes d'exploitation dans ce pays", il en a appelé plus globalement à "subvertir la culture qui s'exprime aujourd'hui, la culture sponsorisée. J'appelle à une réflexion approfondie sur cette question des contenus. Bien sûr qu'il faut abattre Hadopi, que nous devons mettre la culture à l'école, partout...mais tout doit être repensé en fonction du monde que nous voulons. Un monde qui refuse la compétition."
A voir: Mélenchon répond aux Jeunes correspondants de l'Humanité
Mélenchon: "Nous n'acceptons pas Hadopi"
Ou cliquez ici
 
Mélenchon: "Une TVA à 0% pour les livres"
Ou cliquez ici
 
http://www.humanite.fr/culture/culture-melenchon-contre-le-formatage-commercial-des-etres-humains-493778
 
Le Front de gauche présente son « projet pour l’art, la culture et l’information » rassemblé en un ouvrage collectif.  «Quelle humanité voulons-nous être ? » C’est l’intitulé du document qui approfondit et complète le programme du Front de gauche dans les domaines de la création, de la culture et de l’information. En attendant la rencontre du Bataclan (1), lundi prochain, autour de cet enjeu central de la campagne, il était présenté hier dans les locaux de la bien nommée Usine de campagne. Claude Michel, comédien et syndicaliste, membre de la Gauche unitaire, Alain Hayot, responsable national de la culture du PCF, Paul Chevillard qui participe à la commission culturelle du PG en livraient tour à tour les grands axes. L’ouvrage, composé de nombreuses contributions, est le fruit de multiples rencontres et ateliers, entamés dès la naissance en décembre 2010 du Front de gauche de la culture. Fabriqué de mains militantes pour d’autres militants, lisible par tous, il s’inscrit, de son élaboration à son expression, dans la cohérence des pratiques du Front de gauche dans d’autres domaines. Et affiche de hautes ambitions. « Il s’agit bien de proposer un autre choix de civilisation » insistait Alain Hayot, soulignant la nécessité pour un Front de gauche en rupture avec les politiques libérales de donner à la culture une dimension transversale, de procéder à une appropriation des ressources de l’art et de la culture, justifiant ainsi le terme de « révolution citoyenne ».
 L’ouvrage lui-même, considéré comme un document d’étape sollicitant toutes les intelligences qui le souhaitent, est divisé en sept chapitres qu’enserrent un bref préambule, une conclusion plus brève encore. Les sous-chapitres abordent différents champs culturels, du cinéma aux arts plastiques en passant par l’exception culturelle telle que doit la concevoir une France ouverte et solidaire. Des propositions très précises, certaines très abouties, d’autres en construction, apparaissent clairement. Surtout, chaque tête de chapitre est titrée d’une affirmation forte : « Une économie au service de la culture »?; « Pour une appropriation populaire des médias »?; « Pour une refondation du service public de la culture » et celle-ci dans quoi tout s’enracine « La création est l’affaire de tous ». Là se lient garanties à la création artistique et éducation populaire. Loin de la seule question des moyens, surtout s’ils se heurtent aux politiques d’austérité dures ou molles, le Front de gauche semble déterminé à dessiner un tournant majeur. Celui d’une politique culturelle offensive et alternative.
(1) Lundi 2 avril au Bataclan.  Entrée gratuite  mais inscription indispensable sur  bataclan@placeaupeuple2012.fr
Dominique Widemann
http://www.humanite.fr/culture/de-hautes-ambitions-pour-la-culture-493462
 
Le Front de gauche invite ce soir à une grande fête politique et poétique pour la présentation de son programme pour l’art, la culture et l’information dans la salle parisienne. Où il sera question d’inventer une nouvelle humanité.  D’abord une affirmation du Front de gauche et ce dès sa constitution, « l’ambition de placer l’art, la culture et l’information au cœur de son projet politique de transformation sociale, d’émancipation humaine, de révolution citoyenne et de planification écologique ». Une bonne chose de faite… et beaucoup à faire pour que de ces ambitions majuscules découlent une pensée et son langage. Ateliers et forums se succèdent alors, avec pour viatique cette citation d’Hölderlin « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve. » Elle est reprise dans l’ouvrage collectif Quelle humanité voulons-nous être ? (voir notre édition du jeudi 29 mars), document d’étape de ce parcours exigeant qui sera présenté ce soir au Bataclan. En fanfares et guitares, avec l’humour que nécessitent de si sérieux enjeux. Remettre sur le métier les questions de l’éducation populaire, de l’éducation artistique ; inventer une économie au service de la culture ; œuvrer à la mondialité culturelle, à la liberté et à la démocratie de l’information et des médias, à la promotion d’un Internet libre, interactif et citoyen, à l’appropriation par le peuple de ces champs ouverts. Ils sont également constitués, souligne le Front de gauche, « du sensible, du symbolique et de l’imaginaire » qu’il nous faut investir pour faire société. C’est donc aux acteurs de leur propre existence qu’est lancée l’invitation du  Bataclan, acteurs culturels et artistes, chercheurs de feux, lanceurs d’espoir, jongleurs d’idées. La création au centre et à la périphérie dans un même mouvement, voilà qui promet une belle bousculade des trois ordres établis, dont le Front de gauche dénonce l’offensive sans précédent. L’ordre de l’argent qui précipite l’art et la culture dans le consumérisme, l’ordre moral dont les valeurs réactionnaires entraînent au repli sur soi et au rejet de l’autre, l’ordre du divertissement, enfin, et son « appareil de domination des esprits » bâti de moins-disant culturel, d’un audimat dictatorial et de publicité omniprésente. Le Front de gauche, lui, rend publiques ses propositions « alternatives et offensives ». Circulons, tout est à revoir.
 Ce soir, au Bataclan, à partir de 19 heures. Inscription indispensable sur bataclan@placeaupeuple2012.fr
 
 
L'envolée de Jean-Luc Mélenchon laisse les commentateurs sans voix. Moi, je ne la trouve pas si surprenante que cela. Reprenons l'analyse à son commencement. Oui, on est bien d'accord : il est nécessaire d'adapter la France aux nouvelles réalités mondiales. Tout citoyen sensé comprend cela. Il n'empêche ! Ce thème de l'adaptation, rabâché depuis des années et repris en chœur dans la campagne électorale, en devient désespérant. Pas un commentaire, pas un discours qui ne répète inlassablement la même injonction : s'adapter, s'adapter, s'adapter. Et cela, sur le ton chagriné d'un prof admonestant des cancres. Trop, c'est trop.  D'accord pour admettre que le temps a passé depuis les Trente Glorieuses et que notre État providence est devenu trop coûteux. Mais il faut savoir jusqu'où ce simple constat peut nous amener. À renoncer à la lutte contre les injustices ? À ne plus protéger les plus faibles ? Là est bien la question. Nous risquons de ne plus avoir de « projet » du tout, et de nous contenter de gérer le présent.  Depuis l'effondrement du messianisme communiste et la chute du mur de Berlin, une pure « activité », moins soucieuse des fins dernières et parfois même indifférente au sens, nous occupe collectivement. Consensus libéral, prévalence de l'argent, thésaurisation précautionneuse et vision du monde désabusée : tel est le nouveau paysage. Quant au reste… Les idées porteuses de desseins collectifs semblent évanouies. Elles suscitent la moquerie des gens « sérieux ». La représentation de l'avenir s'est brouillée, l'immédiateté prévaut (disons, le court terme) et le grand marché triomphe.  Allons ! Les riches n'ont plus beaucoup de raisons d'avoir peur, et les pauvres s'habituent déjà à ne plus rien espérer. C'est peu de dire que le projet d'un monde meilleur a cessé d'être d'actualité. En vérité, l'espérance historique elle-même est souvent présentée comme un concept dépassé. Espérance et volonté : rien ne nous paraît plus étranger à la nouvelle marche de l'Histoire que ces deux anciennes prétentions de l'esprit public. Sans nous l'avouer, nous sommes tout près d'accepter l'idée selon laquelle le monde est principalement gouverné par des fatalités sur lesquelles nous avons peu de prise : marchés financiers, commerce international, réseaux immatériels. Tout se passe comme si des forces incontrôlables venaient limiter nos ambitions et désenchanter nos rêves.  L'heure n'est plus au changement programmé mais aux adaptations consenties. À la place de ce mot, on pourrait employer celui de « capitulation ». Il serait plus juste. Le mérite individuel ou collectif ne s'évalue plus selon la capacité de résistance au réel, mais en fonction d'une plus ou moins grande docilité dans l'accommodement. Accepter le monde tel qu'il est ; apprendre à rengainer son énergie ; donner la préférence aux souplesses modestes et aux sacrifices obéissants : le nouveau catéchisme occidental est sans ambiguïté. Il nous enjoint de faire contre mauvaise fortune bon cœur et d'obéir aux injonctions du monde. Avant-hier, c'est le monde lui-même que nous entendions faire plier. Aujourd'hui, nous sommes encore plus fiers de nos accommodements - preuves notoires de clairvoyance - que nous ne l'étions, naguère, de nos révoltes. Oui, le temps s'est retourné comme un gant. L'époque promeut maintenant cette grise vertu : la reddition en rase campagne.  Nous ne sommes pas loin de croire que l'histoire du monde elle-même n'obéit plus qu'à d'obscurs déterminismes anthropologiques ou marchands, et non point à la « naïve » volonté humaine. Nous sommes à deux doigts de renoncer peureusement - et explicitement - au ressort même du projet politique. Chez nous, la simple et modeste démocratie - cette ambition de collaborer à son propre destin - s'étiole peu à peu, à mesure que les citoyens se découragent.  Dans de telles conditions, seuls les étourdis et les imbéciles peuvent s'étonner du succès de « Mélenchon-qui-dit-non ».
jean-claude guillebaud  Nous sommes à deux doigts de renoncer peureusement - et explicitement - au ressort même du projet politique
http://www.sudouest.fr/2012/04/08/ce-que-revele-melenchon-682355-3609.php
 
François Hollande reste en tête des intentions de vote, à 28,5%, devant Nicolas Sarkozy, stable à 27,5%, mais il perd deux points en quinze jours au profit de Jean-Luc Mélenchon qui, gagnant quatre points à 15%, prend la troisième place, selon un sondage LH2 pour Yahoo! publié dimanche.
photo : Jean-Philippe Ksiazek, AFP
Au second tour, le candidat socialiste l'emporterait avec 54%, malgré un effritement d'un point, face au président sortant (46%).  Au premier tour, derrière MM. Hollande, Sarkozy et Mélenchon, Marine Le Pen obtiendrait 13,5%, en baisse d'un point par rapport au précédent sondage LH2 publié le 18 mars et François Bayrou 12% (-0,5).  Viennent ensuite, très loin derrière, Eva Joly, à 2% (-0,5), Philippe Poutou, Nathalie Artaud et Nicolas Dupont-Aignan, à 0,5% chacun, et Jacques Cheminade (0%).  17% des sondés n'ont pas exprimé d'intention de vote au premier tour et 21% au second.  Sondage réalisé par téléphone les 30 et 31 mars auprès d'un échantillon représentatif de 973 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas).
Notice complète consultable auprès de la commission nationale des sondages.
 
Le Front de gauche et le Parti socialiste, les "deux grandes forces à gauche", devront "discuter" de leurs "propositions" respectives et oeuvrer à une "dynamique unitaire", a déclaré mercredi Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF et directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon.
"Dire notre programme est à prendre ou à laisser n'a pas de sens (...). Ce n'est pas sérieux", a souligné aussi Pierre Laurent sur France Inter, faisait référence aux déclarations mardi de Jérôme Cahuzac, le président socialiste de la Commission des finances de l'Assemblée, selon lesquelles le programme de François Hollande sera à prendre ou à laisser pour Jean-Luc Mélenchon dans l'hypothèse où il soutiendrait le candidat socialiste au second tour de la présidentielle. "Il va y avoir deux grandes forces à gauche, le Parti socialiste et le Front de gauche, et nous portons des propositions qui ne sont pas toutes convergentes, c'est le moins que l'on puisse dire. Il faudra discuter", a poursuivi Pierre Laurent. Lors d'un important meeting mardi soir à Lille, Jean-Luc Mélenchon avait lancé sous les applaudissements une boutade à l'adresse du député socialiste: "Jérôme Cahuzac dit: le programme de François Hollande est à prendre ou à laisser. Très bien, on laisse". "Il faut au contraire que chacun se mette dans une dynamique unitaire (...), comme nous le faisons", a souligné le secrétaire du PCF. "Les dirigeants socialistes doivent entendre ce qui est en train de se passer autour du Front de gauche. Il y a une attente énorme dans le pays qui traverse tous les électorats de gauche", a-t-il dit. Quant à la progression de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages, Pierre Laurent a parlé de "vague montante autour du Front de Gauche". "Jusqu'où elle ira? Je ne sais pas", a-t-il dit.
 
Il n’y aura pas de grand soir mais ce fut une journée magnifique que ce 18 mars, où les rues de Paris ont vibré pour redonner à toute la France l’oxygène qui lui manquait. Le Front de gauche a créé l’événement. Qui imaginait, il y a quelques semaines encore, une manifestation politique populaire et citoyenne aussi massive et aussi large dans cette campagne électorale conçue, dès l’origine, pour exclure toute parole populaire, tout engagement collectif, toute espérance de transformation sociale ? Du jamais vu ! Toutes celles et tous ceux qui, par le moindre geste, ont contribué à cette réussite ont commencé ensemble à relever le défi que nous nous fixons dans cette présidentielle : permettre au peuple et à ses attentes de changement – pour décliner les paroles du chant « pas de sauveur suprême, ni dieu, ni César, ni tribun, décrétons le salut commun ! » – de s’imposer.
--- La Bastille ouvre un chemin de lutte et d’espoir
Aux cris de « Vite, la 6e République », la Bastille ouvre un chemin de lutte et d’espoir. Notre pays en a un immense besoin. Il souffre trop. Avec cette marche, redevient crédible l’idée que le monde du travail peut reprendre ses affaires en mains. A droite, on avait tout prévu sauf l’insurrection démocratique, sauf ce moment de basculement où des centaines de milliers de Françaises et de Français, de femmes et d’hommes proclament : la politique c’est notre affaire, et payer pour les riches c’est fini. La mobilisation des communistes pour la réussite de cette journée exceptionnelle, joyeuse, combative, fraternelle, a été spectaculaire. C’est le fruit d’un travail militant que je veux saluer ici : le lancement à la Fête de l’Humanité, les 300 000 programmes L’humain d’abord diffusés depuis lors, les centaines d’assemblées citoyennes dans tout le pays, dans nos quartiers et aux portes des entreprises, les milliers de distributions et cette invite constante : « sans préalable d’aucune sorte, mêlez-vous-en ! » En parcourant la place de la Nation avant le départ de la marche, j’ai pu rencontrer et féliciter nombre d’entre vous. Je profite de cette occasion pour le dire à toutes et à tous : ce travail patient, respectueux, inventif qui est le vôtre dans une campagne commune et collective est déterminant. C’est lui qui permet l’entrée en campagne à nos côtés de milliers de femmes et d’hommes engagés dans les combats sociaux, syndicaux, citoyens, associatifs dans le pays, qui n’ont plus le temps d’attendre et peuvent s’engager durablement dans la dynamique que le Front de gauche a fait naître. Cela donne aussi force et courage à ceux que vous avez investi de la responsabilité d’animer cette bataille, à Jean-Luc Mélenchon qui porte avec talent notre ambition commune, à moi-même, à nos candidates et candidats aux législatives que nous voulons voir nombreux en juin entrer à l’Assemblée nationale.
--- Le peuple est de retour, la gauche est de retour
indignéeLa Bastille est le signe que nous avons déjà remporté une première victoire. Le peuple est de retour, la gauche est de retour. Rien n’est acquis. La bataille va être encore rude dans les semaines à venir. Mais mesurons à sa juste valeur l’immense potentiel que nous ouvre le travail accompli. Depuis dimanche, c’est une nouvelle campagne qui démarre. Des milliers de nos concitoyennes, de nos concitoyens impatients de se débarrasser de Nicolas Sarkozy et de sa politique restent habités de doutes sur la portée de la victoire attendue : notre vie changera-t-elle vraiment ? Aujourd’hui, la campagne du Front de gauche modifie cette situation. La victoire peut être synonyme d’espoir. Le potentiel de mobilisation du Front de gauche est ainsi devenu le meilleur atout de la gauche pour gagner et pour, ensuite, réussir. Ne nous laissons pas impressionner. On nous parle de « vote utile » ? Quoi de plus utile que le travail entrepris par le Front de gauche, et le vote pour son candidat ?
Oui, il redevient possible, non seulement d’imaginer que ce sont là les derniers jours de la droite au pouvoir, mais aussi les temps premiers d’une renaissance démocratique et d’une politique de gauche dictée non par le consensus mais par la détermination à combattre la dictature de l’argent. Oui, il redevient possible d’envisager de reprendre la main sur les richesses du pays, sur le pouvoir économique et de le soumettre aux besoins humains et sociaux. Oui, il redevient possible d’envisager à court et moyen terme l’inversion de l’ordre établi. La portée de ce que nous construisons va bien au-delà de l’échéance présidentielle qui en est la première étape décisive. Ce que nous visons, c’est la mise en mouvement de majorités d’idées et d’action, de majorités électorales et populaires, autour d’objectifs de changement clairs, de majorités agissantes décidées à « ne rien lâcher » tant que ces objectifs ne sont pas atteints. Oui, ces majorités d’idées et d’action sont possibles si les forces populaires s’en mêlent. Oui, peut devenir majoritaire, contre les logiques austéritaires, l’exigence d’une relance de l’activité fondée sur l’augmentation des salaires, la revalorisation nette du Smic, des retraites, des pensions. Oui, peut devenir majoritaire la nécessaire reconquête de la retraite à 60 ans pour tous financée par la mise à contribution des revenus du capital et de la spéculation. Oui, peut devenir majoritaire la proposition de nationaliser les grandes banques et de fonder un pôle public bancaire et financier en changeant le rôle de la BCE. Oui, peut devenir majoritaire l’exigence de réinvestissement massif dans les services publics. Oui, peut devenir majoritaire l’idée que travailler, étudier, se loger, se nourrir, se soigner, se cultiver sont des droits fondamentaux qui doivent être garantis à tous en toutes circonstances. Oui, peut devenir majoritaire l’exigence d’une 6e République où la participation citoyenne aux décisions politiques et économiques du pays, de l’entreprise aux institutions, sera constante, où la démocratie réelle et permanente sera la garantie de la transformation sociale. Oui, peut devenir majoritaire le principe de refondation d’une Europe sociale, démocratique et écologique. Ce sont ces majorités d’idées, ces fronts de lutte qui constituent les conditions d’une politique de gauche.
--- Comment mener à bien et réussir cette immense tâche ?
D’abord, en poussant le plus haut possible le vote Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle. Des milliers d’électrices et d’électeurs peuvent en prendre conscience : s‘emparer de ce bulletin de vote est le meilleur moyen de construire une victoire solide et durable sur la droite et l’extrême droite, de rendre cette victoire utile à toutes celles et tous ceux qui ont le plus besoin de changement. Ensuite, en s’engageant maintenant beaucoup plus fortement dans la campagne pour les élections législatives. La victoire présidentielle ne sera rien si elle n’est pas garantie par une majorité parlementaire capable de voter les lois d’un changement véritable, celles qui reprendront dans les actes les rênes du pouvoir aux marchés financiers. Notre campagne des législatives peut dès maintenant donner du sens et plus de force à la campagne présidentielle. Nos candidates et candidats doivent sans attendre faire relais avec la campagne de Jean- Luc Mélenchon pour inscrire sa portée dans la durée. Enfin, en intensifiant partout le travail de rassemblement, d’assemblée citoyenne, de mise en débat et de mise en action qui permettra aux citoyens de porter ensemble les objectifs d’une politique de changement. Jusqu’où porter ces objectifs ? Je le répète, jusqu’à leur mise en œuvre effective. Jusqu’au gouvernement ? nous questionne- t-on. Nous n’en sommes pas là. Nous aurons à en décider, collectivement et souverainement, à l’issue de ces deux campagnes, présidentielle et législatives. Notre objectif est clair : modifier suffisamment la situation pour rendre un vrai changement possible. Pas question d’aller gouverner si la rupture avec les politiques d’austérité n’est pas au rendez-vous. A écouter nos partenaires de gauche, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour y parvenir. Aurons-nous la force et le temps d’imposer de tels changements à gauche d’ici fin juin ? Nous y travaillons et nous aurons à apprécier, ensemble, ce que nous avons pu, ou pas, faire bouger et comment continuer. Le Front de gauche est en mouvement. La route est engagée. Elle est belle. Ensemble, nous sommes la gauche, le cœur battant de la gauche. L’esprit de conquête doit plus que jamais être notre boussole. Je compte sur vous.
Pierre Laurent, Secrétaire national du Parti communiste français, président du Conseil de campagne du Front de gauche.
N.B. : Reproduction de l'adresse aux communistes, parue dans CommunsiteS numéro 471, supplément à l'Humanité du mercredi 21 mars 2012.
 
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