Avis de recherche en Périgord !
(par Maryse Laroque)
On pourrait commencer ce conte par « il était une fois », mais le fait est encore d’actualité.
Le Duc René Julien de Montclard et la Duchesse Marie Ariane avaient organisé une fête en leur château de Monbazillac. Ils avaient invité tous les membres du gouvernement et leurs proches. L’élite du pays était conviée à cette fête et nul ne s’était décommandé. On espérait plus de deux cents convives. La rumeur court, mais ce n’est qu’une rumeur, que le Président François aurait financé sur les deniers de l’Etat cette folle entreprise. Une fonctionnaire aurait déclaré la dépense dans la rubrique « séminaires » du grand journal des comptes de la cour.
La fête était dédiée à la Royale Ségolène pour la remercier d’avoir accepté de restructurer les bureaux et les ressources de Matignon en vue d’un développement durable. Tous les représentants desRépubliques et des Royautés étaient présents, l’intrépide Angela, le mal-aimé Vladimir, la belle Charlène et son prince de Monaco, sans oublier les icones de la monarchie britannique Kate et William, tout le gratin était persona grata!
A vingt heures, François arriva enfin, avec beaucoup de retard, en compagnie de Valérie, rayonnante. On a toujours pardonné les retards des présidents, ils sont très sollicités. Mademoiselle Julie, à qui la fête était dédiée en réalité, était souffrante.
Un très joyeux cortège, Ariane peintresse , Dominique maire de Bergerac et François porteur d'espoirs
crédit photo Daniël Besombes
Il ne manquait plus que Jack, expert en musique sous les ciels nuageux, qui s’était illustré auprès de tous les gouvernements de gauche et d’ailleurs. François et Laurent, les plus courageux, décidèrent d’aller jusqu’à St Georges de Monclard, où il était logé chez une jeune de la même promo que lui, c’était, en tout cas, ce que son service de communication avait annoncé. Il fut ordonné au chauffeur, qui était déjà en train de profiter de son temps libre, avec quelques servantes recrutées pour l’occasion à Pôle Emploi de Bergerac, d’avancer la limousine.
Pas très loin du château, au croisement de la départementale D987 et de la D23, une dame vêtue de blanc leur fit signe de s’arrêter. François, méfiant, refusa de perdre du temps avec une inconnue sur le bord de la route. Dans la seconde qui suivit, la belle se retrouva par le plus grand des mystères assise en face de François et Laurent. Aussitôt, comme anesthésiés par cette apparition surnaturelle, ils tombèrent follement amoureux de cet être sorti de la forêt du bout du monde.
Alcine par Lionel Tavardon (image 3D)
- « Je me nomme Alcine, beaux chevaliers », précisa la créature.
- « Ces terres m’appartiennent depuis treize mille ans. Mon grand-père les a acheté pour treize francs six cent soixante-six sous, lorsque la crise et les conflits sanglants nous ont contraints de quitter notre chère Transylvanie. Grand Père Monsanto et moi-même sommes des éternels étrangers pour les paysans locaux qui nous harcèlent de génération en génération. Encore hier, ils sont arrivés, armés de pieux qu’ils voulaient nous enfoncer dans le cœur. Ils étaient au moins deux mille à brandir des pancartes avec « Pas de brevet sur le vivant » ou « Rendez-nous nos abeilles ».
Exposant ainsi les difficultés à s’implanter sur ces terres en jachère, une légère agitation du corps de la belle fit glisser son voile, découvrant sa longue chevelure blonde dont quelques mèches tombaient sur ses seins harmonieux. La pureté de sa silhouette ainsi détachée du tissu contrastait avec ces hommes en costume noir.
Nue, elle était nue sous sa robe ! fut la pensée unique de nos deux compères.
Il va sans dire que plus personne ne se préoccupait de Jack en entrant dans la plus merveilleuse des demeures du Périgord. Alcine avait, une fois de plus, réussi à piéger les VIP pour enrichir sa collection de la chambre des amants perdus. Elle agita une clochette pour appeler ses suivantes afin de préparer les nouveaux venus, de les baigner, de les parfumer avec divers onguents et huiles essentielles de son cru. Elle n’autorisait à sa table que des hommes parés comme Omai dans un voyage autur du monde, d’où leur surnom « les hommoes en blanc d’Alcine ».
Ceux qui connaissent Alcine savent qu’après avoir consommé une union librement consentie, elle transformait les malheureux en plantes exotiques qu’elle transportait amoureusement dans son jardin qui n’avait rien à envier à celui de Joséphine en son château de Malmaison. Certains ont même rapporté qu’elles furent amies. Elle enregistrait minutieusement sur son computer chaque plante dans le fichier des empreintes génétiques.
Alcine avait des exigences sur les préliminaires qui pouvaient se prolonger en fonction de son désir plus ou moins ardent selon les recrues, mais la dernière soirée libérait la passion la plus enflammée de toute l’histoire. Personne ne résistait à la lumineuse intelligence de la beauté du diable, son verbe se faisait chair et la sublimait. Quand le contrôle des sens étaient devenu impossible, l’homme la pénétrait. Alcine s’en imprégnait pour le fondre dans sa féminité et ne plus jamais le laisser en réchapper. C’est à ce moment précis de la fusion, le matin des magiciens, qu’elle transformait sa proie en la plante de son choix, dans une transmutation alchimique dont elle extrayait l’élixir de la vie éternelle.
Notre président se serait donc transformé en fleur exotique si Valérie n’était pas intervenue. Elle fit une telle crise à Monbazillac, que la Duchesse Marie Ariane réveilla tous les policiers de Dordogne. Marie Ariane exposait ses peintures dans la salle des fées aux équinoxes et connaissait bien Alcine et ses facéties. Bien que l’effectif fut réduit au minimum, les quelques fonctionnaires en poste, accompagnèrent Valérie. Elle parlementa avec Alcine qui accepta d’échanger le président François et Laurent contre Manuel (Manuel Malraux car André était mort depuis longtemps). Les pourparlers durèrent treize jours.
Malheureusement, le dimanche suivant, 25 mai, était la date butoir pour envoyer sa candidature à l’Académie Royale des sciences de Bruxelles. Voilà pourquoi, à cause du séminaire de Dordogne, François ne fut pas prix Nobel d’économie dans sa toute nouvelle thèse « Enfin, Il vint » et la croissance fut !
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